Rover, aloud !

Solidays 2012

La session du samedi commence donc à 18h sous le Domino, pour des retrouvailles avec un de mes coups de cœur français du moment, l’iconoclaste et globe-trotter ROVER, qui prouve avec brio que l’on peut conjuguer physique de rugbyman (deuxième ligne) et voix atmosphérique.
Encore une découverte des Francofolies de l’année dernière, au cours desquelles il avait joué deux morceaux seul avec sa guitare sur la grande scène pendant la balance entre Yodelice et The Dø, puis enflammé la petite salle de la Coursive en compagnie des June & Lula. Mais Rover en concert, c’est surtout la Maroquinerie qu’il avait entièrement rempli de fans convaincus lors du lancement de sa première tournée solo, et auxquels il avait livré un show d’exception à la confluence du rock et de la pop, servi par des arrangements léchés et une osmose totale avec ses musiciens. Ah, il y avait sa voix aussi (d’ailleurs au lieu de vous bassiner avec, je vous conseille d’aller écouter Aqualast).
Bref, malgré tout le battage médiatique (mérité je dois dire) qui a entouré l’ex New Government depuis le lancement de son album éponyme en février dernier (même 20 minutes lui a consacré un article, c’est dire), effervescence hype qui a tendance à provoquer des réactions épidermiques chez votre serviteur, assez complètement allergique à la philosophie du buzz, c’est en confiance que je me glisse sous le chapiteau étoilé du Domino, prêt pour des retrouvailles bienvenues avec « une bande de vieux potes » (5ème fois que je vois Rover –et ses excellents musiciens- en concert en l’espace d’un an).

J’ai eu beau m’y prendre bien à l’avance, le buzz se venge de mon dédain envers lui en ne me laissant qu’une place au second rang (qui reculera davantage lorsque, dans une magnifique illustration du caractère purement moutonnier de la psychologie d’une foule, les gens sagement assis en attendant le début du show s’agglutineront au plus près de la scène sans aucune raison 10 bonnes minutes avant l’heure dite). Pour ne rien arranger, je commets la grave erreur de me positionner pile dans l’axe de l’estrade, et donc droit sur le caillebotis de plastique qui protège les câbles courant de la scène à la régie. PLUS JAMAIS (le pourquoi du comment plus bas).

Comme à l’accoutumée, le set débute par mon morceau préféré, le lancinant  Late Night Love (ou pourquoi il ne faut jamais faire du voilier seul avec sa future-ex), que le groupe maîtrise à merveille : Rover commence seul à la guitare, et la rythmique le rejoint au fil des couplets pour un crescendo émotionnel garanti.
Pourtant, j’ai du mal à me laisser embarquer, un je ne sais trop quoi néfaste m’empêchant de m’immerger totalement dans la musique du dandy armoire à glace. Passent Queen of the Fools et Aqualast (setlist que j’ai trouvé assez surprenante, puisque « sacrifiant » tous les « tubes » dans le premier quart d’heure), et je mets enfin le doigt, ou plutôt la jambe, sur mon mal : décalé sur la gauche par la houle humaine, je me retrouve avec un pied sur le caillebotis et l’autre sur le sol, position des plus inconfortables au bout de quelques minutes. La différence de niveau n’a beau être que de quelques centimètres, impossible de répartir le poids du corps sur les deux jambes en même temps, et du coup, mouvements de balanciers de l’une à l’autre pendant près d’une heure. Éprouvant.

Pour ne rien arranger, Rover, d’habitude si communicatif avec le public (option humour pince sans rire avec mention très drôle) se contente d’enquiller chansons après chansons comme s’il était à l’usine, et décide à la moitié du set d’alterner nouveaux morceaux (glop glop) et versions longues de ses anciennes compositions (pas glop). J’ai beau bien aimer Tonight, étiré sur plus de 8 minutes, la lassitude gagne.
Cerise sur le gâteau, Rover enclenche le mode « no more » (une ligne de paroles, un « no more ») dans le dernier quart d’heure, ce qui achève de me soûler. Le mot est fort mais la Maroquinerie était tellement mieux que je ne peux que sortir déçu (et courbaturé) du Domino, avec une question en tête : Rover en a-t-il assez sous le capot pour rouler en extérieur, ou devrait-il se contenter de tourner en salle? Il faudra attendre le Festival des Soirs d’Été de OÜI FM en juillet pour avoir la réponse.

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