Rover, aloud !

Le Télégramme/Jeudis du port/17/08/2016

Brest, le crooner y est déjà venu. Sur le port, oui, mais pas aux Jeudis. L’erreur, si c’en est une, sera réparée ce jeudi soir. Et Rover, puisque tel est son nom, montrera ce qu’il a sous le capot, au Parc-à-Chaînes, à 21 h 15. Brest,

Vous avez déjà joué à Brest, peu de temps après la sortie de votre premier album, « Rover », en 2012. Vous en avez des souvenirs ? 

Bien sûr ! J’ai joué à La Carène. Et à chaque fois que je repense à Brest, je sais que, la veille, j’étais dans l’Est de la France et que j’avais fait un gros voyage pour arriver. Et l’expression s’y prête vraiment : j’étais venu en train et j’avais juste l’impression d’aller au bout du monde, dans le bon sens du terme. C’est un peu le cas de le dire ! Et ça a toujours été ça, j’ai toujours eu cette impression, même quand j’y allais en tant qu’individu et pas en tant qu’artiste, les rares fois où je suis venu à Brest. Je dis ça sans forme de séduction. C’est une ville que j’aime beaucoup, étant Breton (il a une maison familiale dans les Côtes-d’Armor, NDLR), c’est un coin que j’aime beaucoup, la pointe de la Bretagne… C’est une région que j’aime, très musicale aussi, il y a quelque chose de particulier. Donc ce sont des souvenirs assez intenses… et avec du brouillard ! 

Ça fait quoi d’être primé à chacun de ses albums ? 

C’est un plus, un vrai plus. Mais dans le bon sens du terme. Ce n’est pas un plus que l’on balaie du revers de la main, c’est une forme de reconnaissance parmi beaucoup d’autres, comme celle que l’on reçoit le soir avec le public. C’est une victoire de la musique plus qu’une Victoire de la musique, pour la nuance. C’est plus une forme de remerciement du milieu et, ça, c’est pas mal, c’est bon à prendre, parce que les choses vont très vite.

Vous avez enregistré votre album, « Let it glow », dans les Côtes-d’Armor. Comment ça s’est passé ?

Exactement de la manière dont je pouvais le rêver. C’était absolument fidèle à la philosophie que je voulais voir présente dans cet album et qui suivait l’écriture et toute la manière dont j’avais abordé l’écriture, justement. C’était dans un studio tout près de Guingamp. Un studio unique, remarquable, dans lequel il y a quelque chose de passionné, musicalement parlant. Sans compter que, ce studio, c’est du 100 % analogique et c’est ce que je voulais, comme pour le premier album. L’analogique devient rare et précieux… Donc ça me plaît !

 

Quelle est l’histoire de ce nouvel opus ?

 

C’est d’avoir l’envie de retourner sur la route, c’est l’envie d’enregistrer, c’est que de l’envie, en fin de compte ! C’est l’envie d’écrire des chansons, de leur rendre hommage et honneur, d’être à la hauteur de ce que je voulais faire, sans prétention, c’est juste quelque chose de très personnel, le fait d’avoir pris en main la réalisation du disque a été un défi dans le défi, le fait de faire un deuxième disque c’est malgré tout un défi même si ça ne m’a jamais angoissé et puis la joie de le faire écouter après… C’est plein de choses comme ça qui font qu’il y a une joie encore décuplée du fait d’avoir eu l’expérience du premier disque. Et son histoire, sans entrer dans le détail des paroles, est presque à l’extérieur du disque, elle est dans ce que le disque apporte humainement. Elle s’écrit encore aujourd’hui, à l’heure où je parle. C’est un vrai bonheur.

On va, justement, entrer dans le détail des paroles… « Call my name », « Let it glow », c’est l’histoire d’un cœur brisé ? 

Au premier sens, ça l’est toujours, il y a toujours une forme de dureté de la vie qui sort de mes chansons… Mais ce qui me plaît le plus, c’est la façon dont on rebondit, c’est le plus qui vient après le moins. C’est surtout ça qui m’a plu dans les premières chansons que j’ai écrites dans ce projet, c’est la façon, la capacité qu’a un homme ou une femme, un jeune homme, une jeune femme, ou un être humain, quel que soit son âge, de rebondir après ce qui a pu être un arrachement à un pays, un cœur brisé, une amitié trahie… Et parfois ce sont des choses assez anodines, c’est ce que l’on peut lire dans la presse, des choses qui nous touchent de façon très personnelle. Et c’est l’action-réaction, en fin de compte, qui me plaît et que je décris dans mes chansons.

On dit que vous écrivez la nuit. Pour quelles raisons ?

C’est surtout en début de nuit ou en fin de nuit, je dors quand même, je ne suis pas un hibou ! Ce sont des moments un peu volés, où on vole des instants un peu précieux, des moments où l'on s’abandonne, où l'on est moins dans une espèce de rythme de plein jour et où le corps et l’esprit, en tout cas en ce qui me concerne, sont davantage concentrés sur la musique. Il y a quelque chose qui est en suspens dans ces tranches horaires, ce sont des états seconds qui apparaissent. Et puis les instruments sonnent différemment aussi, la ville, la campagne… Il y a des fantômes qui sortent, c’est intéressant.

On chuchote que vous remettriez le couvert avec «The New Government», un groupe de punk-rock franco-libanais que vous animiez avec votre frère. Est-ce vrai ? 

Les gens boivent trop, ils racontent n’importe quoi (rires). Ce serait avec plaisir mais ça va être compliqué, certains membres du groupe sont Libanais donc il faudrait avoir des réductions sur les billets d’avion et trouver des moments dans leurs plannings, dans le mien et dans celui de mon frère. Mais j’aimerais bien. C’est une parenthèse qui n’a jamais été fermée, nous nous sommes quittés pour des raisons indépendantes de notre volonté (il a dû quitter le Liban, NDLR). J’aimerais bien. Mais ce n’est pas d’actualité… Peut-être dans cinq ans, dix ans, cinq mois… Dieu seul sait.

Et pour « Haussmann tree » ?

C’est une antichambre, c’est un lieu de travail… Je vois régulièrement mon frère, on en discute, on fait de la musique. Voilà, c’est un projet tellement atypique, tellement particulier, qu’il doit trouver sa place pour exister. Mais il existe, de façon très intime, entre nous. C’est un projet qui n’est dans aucun courant, aucune structure, qui est en soi très libre et c’est pour cela qu’il existera, réellement, quand… les planètes s’aligneront (rires)! ». 

Pratique Concert ce jeudi soir, à 21 h 15, au Parc-à-Chaînes. Gratuit.