Rover, aloud !

Presse

  • Interview La Côte (Suisse) 29/04/2016

    Rover, rockeur solitaire et rocailleux

     

    Thimotée Régnier, alias Rover, une manière singulière d’incarner la musique sur scène, entre dandy nonchalant et voyou bien sapé.

    CONCERT - Nominé aux victoires de la musique 2016, catégorie album rock de l’année, le Breton est de passage à l’Usine à gaz.

    propos recueillis par Dany abou-jaib

    info@lacote.ch

    Thimotée Régnier, de son vrai nom, se présente sous le pseudonyme de Rover depuis son premier disque en 2012. Avec sa voix qui couvre plusieurs octaves, une guitare Rickenbacker en main et un look soigné, il chante un rock classique qui convainc les foules: son premier disque a été salué par le public avec plus de 50 000 ventes. Il présentera son nouvel opus «Let It Glow» ce vendredi à l’Usine à gaz de Nyon, avec le groupe genevois Quiet Island en première partie. Rencontre avec un chanteur romantique et enthousiaste, que l’on pourra aussi voir confirmer l’essai au Paléo cet été.

    Vous jouiez dans un groupe de punk-rock au Liban, que vous a apporté cette expérience?

    Ce furent mes premières projections sur scène, car avant cela je faisais de la musique uniquement de manière intime. Avec mes amis, nous bookions des salles, nous cherchions les studios; en somme nous découvrions les ficelles du métier de manière très artisanale. Cela m’a décomplexé vis-à-vis du milieu musical, qui peut faire peur de prime abord. Après trois ou quatre ans passés là-bas, j’ai gardé un lien affectif très fort avec ce pays.

    Comment êtes-vous arrivé dans la musique?

    Mes deux grands frères en jouaient, et j’ai été très vite happé par leur passion. Nous avons d’ailleurs encore un groupe qui réapparaît une fois l’an, ça s’appelle Haussmann Tree. J’ai appris la musique de manière autodidacte: une approche ludique et sans contrainte. La guitare est mon instrument de prédilection, et à mon sens c’est le plus instinctif. Ce n’est que par la suite que je me suis intéressé aux autres instruments.

    Pour votre premier disque, vous avez géré seul l’aspect instrumental, qu’en est-il du nouvel album?

    En réalité j’ai utilisé les mêmes recettes, à savoir les mêmes instruments que je joue moi-même, excepté la batterie. C’est Arnaud Gavini qui s’en occupe, ce qui permet d’avoir des rythmes plus sophistiqués. Il ne faut pas lui dire, mais il est meilleur batteur que moi. Quoi qu’il en soit, j’ai une fascination pour l’approche musicale qui est imposée par tel ou tel instrument. Si je joue seul, c’est par pur plaisir égoïste, et je pense que ça se sent sur le disque. J’ai interprété tout cela comme j’ai pu, avec mon savoir et mon parcours.

    A la fin d’une chanson, vous dites «merci» ou «thank you»...

    Je dis souvent merci dans ma langue maternelle. Cependant, dès que je suis dans le propos artistique, c’est l’anglais qui prime. Il n’y a encore aucune chanson francophone de Rover au programme.

    On vous colle souvent l’étiquette de «crooner», comment le prenez-vous?

    Ça me plaît, il y a un petit côté gendre idéal, voyou bien habillé. Peut-être qu’artistiquement, je m’y retrouve dans le sens où je chante avec une sorte de nonchalance. Mais je ne me dis pas avant de monter sur scène «vas y mon gars, t’es un vrai crooner». Peut-être que je me le reprocherai avec l’âge…

    Votre musique est-elle mieux adaptée à des salles intimes telles que l’Usine à gaz ou a des festivals?

    Il n’y a pas de salle de prédilection pour Rover, cela fait partie du défi d’adapter le show à l’endroit où nous jouons. J’aime laisser résonner la musique, que ce soit dans une salle intime debout, sur une scène de festival en plein soleil ou dans un théâtre avec un public assis.

    Il y a quelque chose de théâtral dans votre musique…

    Oui, c’est dû au fait qu’il n’y a pas de filet de protection quand je joue: il faut avoir une base solide pour se permettre d’improviser. C’est extrêmement grisant! On peut voir un écho de cette prise de risque dans le fait que j’aime enregistrer mes chansons en analogique.

    Si vous deviez sauver un disque des flammes, lequel choisiriez-vous?

    C’est un peu prétentieux de dire cela, mais comme la question est difficile, je dirais le troisième disque de Rover, celui qui n’est pas encore écrit. Il y a tellement de choses importantes dans chaque disque, ça serait trop dur de choisir.

    Vous vous mettez souvent en scène seul dans vos clips, est-ce un choix délibéré?

    C’est fascinant d’observer les images que génère la musique. Il y a le personnage Rover qui est assez mélancolique et solitaire, et ce n’est pas uniquement de la fiction, car il me correspond assez. Et puis il y a aussi des belles femmes dans mes clips. C’est une façon de rendre hommage au sentiment amoureux; j’aimerais vraiment que ces représentations de femmes correspondent plus à la vraie vie.

    Biographie express

    Né en 1979 à Paris, Timothée Régnier a vécu une jeunesse d’expatrié entre le Japon, les Philippines et New York. Après des études de langue allemande et anglaise, «pour mieux en jouer», il s’installe à Beyrouth en 2005 avec son frère, avec lequel il mène le groupe de punk-rock «The New Government». De retour du Liban, il s’installe dans sa bicoque de Bréhat, en Bretagne, pour enregistrer son premier EP. L’année suivante sort l’album «Rover», qu’il soutiendra sur scène à travers la France, et qui sera nominé aux victoires de la musique 2013 en tant que révélation du public. Son nouveau disque «Let It Glow» est sorti en 2015 sur le label Cinq7. daj

    INFO +

    Rover, vendredi 29 avril, Usine à gaz, Nyon. www.usineagaz.ch

     

  • Interview Le Matin (Suisse) mai 2016

    Rover: «L’imperfection, c’est ce qui rend beau»

    Paléo Festival

    Il a la carrure d’un colosse mais la délicatesse musicale d’une plume qui virevolte. Interview avant sa venue, le vendredi 22 juillet.

    Par Caroline Piccinin. Mis à jour le 21.05.2016

    «Vers 7 ans, j’avais demandé une guitare au Père Noël.»

    «Vers 7 ans, j’avais demandé une guitare au Père Noël.»
    Image: Julien Mignot

    Un jour, Timothée Régnier, globe-trotteur français, quitte The New Government, le groupe qu’il a monté avec son frangin, et devient Rover. En 2012, il sort un album éponyme sur lequel il joue en autodidacte d’absolument tous les instruments nécessaires à son disque. La planète musique est séduite.

    En 2015, arrive le brillant «Let It Glow», un deuxième album aux effluves seventies enregistré en Bretagne et – c’est très important pour lui – en analogique. Rencontre en Perfecto autour d’un café mais sans cigarette: «J’ai arrêté il y a deux mois, c’est rude», nous confie le chanteur avant de commencer.

    Les festivals arrivent. Comment vous les sentez?

    Il y a malgré tout une appréhension. Ce sont des concerts très différents, le son est moins maîtrisable, le public ne vient pas que pour vous. Cette période estivale, le fait de se frotter à d’autres groupes, d’autres sonorités, c’est un vrai défi, une autre facette du métier, mais j’ai hâte. Je garde un souvenir du Paléo où j’ai déjà joué, c’était une ambiance de fou furieux! En festival, tout est possible, il y a peu d’interdit, c’est ça qui est chouette. Je me pose souvent la question si je dois adapter mon set, il ne faut pas perdre l’identité du projet. Donc même si c’est intimiste, ça peut vivre en plein air et ça peut faire le lien entre deux groupes, comme une dose émotionnelle forte.  

    Votre son est très 1970. Vous êtes un grand nostalgique?

    Peut-être. (Il rit.) En tout cas pas un nostalgique qui critique son époque. Mais oui: j’ai une admiration pour la manière dont on faisait les disques à l’époque. Ces objets qui pouvaient vieillir, qu’on aimait, qu’on abîmait. Le fait de ne pas être dans un système de renouvellement permanent des objets. J’aime les studios analogiques, les vieilles guitares qui ont des traces de vécu. Ces objets sont capricieux et il y a plein de choses qui nous échappent, on ne peut pas reproduire ce qui se passe. Comme un humain, chacun est unique, avec son parcours et ses stigmates. On ne peut pas les aimer à égal. Ça me rend dingue d’être en studio entouré de tout ça. Et, en effet, ça confère ce son années 1970.

    Imaginez: vous embarquez dans une machine à remonter le temps. Vous allez à Woodstock ou au Festival de l’île de Wight?

    J’adore cette question! Je pense que j’irais à Woodstock pour voir Hendrix au petit matin. Je crois qu’il n’y avait pas grand monde, ils étaient tous KO! Moi je serais vaillant et je le regarderais jouer depuis le premier rang. Aussi parce que je crois qu’il y a une grande désillusion autour de ce festival et que j’adorerais m’en faire ma propre idée.

    Dans vos idées, il y a la place que vous donnez au silence.

    Oui, c’est magique. C’est la toile blanche avec sa périphérie, comme une matière qui est déjà là. Le silence donne cette matière pour y poser des sons, ou non. Ça nous fait assumer les contrastes entre blancs et noirs. Moi, je pourrais écouter ce silence analogique toute ma vie.

    L’imperfection, ces vides, ce supplément d’âme, ce sont vos meilleurs alliés?

    Oui, je pense, mais c’est vraiment en mon nom que je parle. Je ne permettrais pas de parler de celles des autres. C’est ce qui met en relief mes émotions. Les imperfections, c’est ce qui rend beau, comme une femme qui essaie de cacher un défaut flagrant. Ça va la rendre encore plus charmante.

    Vous êtes autodidacte. Quel est votre premier souvenir avec un instrument?

    (Il rit.) Vers 7 ans, j’avais demandé une guitare au Père Noël. On grandissait aux Etats-Unis et mes deux grands frères faisaient déjà de la musique. J’avais trouvé trois notes, mes frères avaient trouvé ça super et j’étais si fier. Avant de dormir, j’avais posé ma guitare vers un radiateur et le lendemain matin, plus rien ne sonnait pareil. J’ai alors appris qu’une guitare s’accordait! C’était naïf, et j’ai toujours essayé de garder un peu de ça.

    Vous arrive-t-il de rejouer avec vos frères de temps à autre?

    A la base, avec ce projet, j’avais vraiment besoin de m’exprimer seul. Avec le temps qui passe, mes frères me manquent. Alors, les retrouver en musique et sur scène serait un vrai bonheur. Même avec le projet Rover. Vous me donnez des idées!

    (Le Matin)

    Créé: 21.05.2016, 09h11

    http://www.lematin.ch/culture/musique/Rover-L-imperfection-cest-ce-qui-rend-beau/story/13786065